Voulez-vous que je lise ce billet pour vous ?
Vous demandez-vous parfois pourquoi, dans votre entreprise familiale, la communication passe de « on se devine » à difficile ? Avez-vous du mal à comprendre les membres de votre famille ? Si vous répondez oui à ces questions, alors ce billet de blogue est pour vous.
La communication est un concept abstrait. Pourquoi communiquer avec mon père, mon frère, ma sœur puisque je sais déjà ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent ?
Mais qu’advient-il quand tout n’est plus aussi clair ? Qu’advient-il quand on n’arrive pas à nommer le problème ?
Une impasse.
J’ai croisé le chemin de plusieurs familles qui se sont retrouvées dans une telle impasse, et un outil bien précis leur a permis de s’en sortir : le modèle circomplexe d’Olson. Selon ce schéma, deux variables peuvent influencer la communication : la capacité d’adaptation et la capacité de cohésion.
Sur l’axe de la cohésion (axe horizontal), quatre possibilités :
- Désengagé : vous avez besoin de peu de proximité et vous êtes indépendant
- Séparé : vous avez besoin d’une certaine proximité et vous êtes plutôt indépendant
- Connecté : vous avez besoin de proximité et vous êtes plutôt dépendant
- Enchevêtré : Vous avez besoin d’une grande proximité et vous êtes dépendant
Sur l’axe de l’adaptabilité (axe vertical), quatre possibilités :
- Rigide : Vous menez avec autorité et ne prônez pas le changement
- Structuré : Vous partagez parfois le leadership tout en conservant un rôle stable, vous acceptez le changement lorsqu’il est demandé
- Flexible : Vous partagez le rôle de leader et vous acceptez le changement lorsqu’il est nécessaire
- Chaotique : Vous avez peu de leadership et vous vous perdez dans le changement
Votre position dans le schéma vous permet ainsi de comprendre si vous êtes une personne plutôt flexible ou rigide quant à votre capacité d’adaptation, ou encore si vous êtes une personne plutôt indépendante ou dépendante quant à votre niveau de cohésion.
Comprenez-moi bien : il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises positions dans le modèle. Seulement, certaines positions facilitent la communication. Ainsi, plus vous vous situez dans les extrêmes du système, plus la communication est difficile, et plus vous vous situez au centre, plus la communication est facile.
Par exemple, deux personnes flexibles et connectées discutent régulièrement de leurs perceptions mutuelles, elles s’écoutent, prennent le temps de se comprendre et s’adaptent. Deux personnes structurées et séparées, pour leur part, sont plutôt indépendantes; elles font leurs choses chacun de leur côté, parfois ensemble. Elles ont instauré des règles et fonctionnent à l’intérieur de ces dernières.
Notre position dans le modèle a donc une incidence directe sur notre mode de communication, et connaître cette position permet de mieux se comprendre, mais aussi de mieux comprendre les autres membres de la famille.
Quand nous nous apercevons que les autres membres de la famille se situent ailleurs dans le modèle par rapport à nous et qu’ils n’ont donc pas les mêmes besoins de communication, le jugement et les accusations s’atténuent pour laisser la place à la compréhension. Le modèle circomplexe d’Olson éclaire, en très peu de temps, les différences au sein d’une famille et contribue à ce que tout le monde baisse les armes de façon presque automatique afin d’ouvrir sur des sujets délicats sans que personne ne le prenne personnel.
Pourquoi ne pas mettre à l’épreuve ce modèle? Prenons un personnage connu de la télévision québécoise : monsieur Samuel O’Hara, de la série O’. Où le situeriez-vous sur l’axe de la cohésion? Est-il proche de sa famille? J’aurais tendance à dire qu’il est enchevêtré puisqu’il a besoin d’une grande proximité et qu’il est dépendant de sa famille. Qu’en est-il de sa position sur l’axe de l’adaptabilité? Est-il flexible face au changement? À mon avis, il est carrément rigide, convaincu que seules ses décisions pourront faire du bien à l’entreprise.
Et vous, où vous situez-vous ?
La question mérite d’être posée, car le modèle d’Olson, en plus d’être intuitif, enlève une pression malsaine sur les épaules de tout le monde : dès qu’on arrive à se situer dans le schéma, la pression s’efface, on peut parler plus librement et en toute confiance. Si les entreprises familiales veulent la pérennité et l’harmonie, pourquoi donc ne pas mettre un terme aux non-dits et favoriser, par une communication saine, les conflits constructifs, synonyme d’innovation?
La communication est l’une des nombreuses composantes qui favorisent la complicité des générations. J’ai abordé, au cours des douze billets de blogue de la série Familles en affaires : complicité des générations, plusieurs autres aspects qui méritent d’être rappelés.
Étant donné que l’atteinte d’une complicité entre les générations peut être grandement facilitée par une saine gestion des émotions, je vous invite à consulter ma série de billets de blogues qui démystifie la mine d’or d’informations que représentent les émotions en affaires .

Sylvie Huard
Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais! Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales. J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.
Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.
Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité. Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.
Chacun a sa propre façon de redonner au suivant. Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture. Dans Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.