Billet 6: De l’intuition à la parole

Billet 6: De l’intuition à la parole

Voulez-vous que je lise ce billet pour vous ?

 

Avez-vous l’impression de ne pas comprendre votre père ou votre mère au sein de l’entreprise ? Avez-vous l’impression que la jeune génération ne vous comprend pas ? Si c’est le cas, ce billet de blog est pour vous.

La verbalisation de l’intuition est le nerf de la guerre de la transmission de l’entreprise à notre époque. Les cédants, ces hommes qui ont travaillé à la sueur de leur front, n’ont pas atteint le succès par la communication. Leurs intuitions restent donc encore aujourd’hui dans le noir parce qu’ils n’ont pas appris à parler.

L’intuition n’a rien à voir avec la routine, elle relève d’un état d’esprit qui est au-delà de la technique.
-Paulo Coelho

Nous l’avons vu à plusieurs reprises dans les billets de blog précédents, la communication est l’une des clés de succès de la cohabitation des générations au sein d’une entreprise. Or, ces deux, voire trois générations ne parlent pas toujours le même langage. Alors que les plus jeunes portaient que la génération plus sage partageaient avec eux leur expérience afin d’évoluer, les cédants arrivaient parfois difficilement à exprimer certaines intuitions qui les habitent.

Qu’est-ce qu’une intuition, me demandez-vous ?

À mon avis, l’intuition est une denrée extraordinaire qui émerge de la combinaison de l’ émotion et de l’ expérience du cédant. Tout le monde a déjà entendu l’expression « avoir un bon sentiment ». Mais un « feeling » sans expérience, ça ne vaut pas grand-chose.

Le cédant est donc un intuitif : il sait qu’il doit agir de telle façon, mais ce savoir est inconscient , il n’arrive pas à l’expliquer. C’est à ce moment-là que les conflits peuvent survenir.

Le cédant a appris à travailler dur. À ses yeux, le succès d’une entreprise se gagne à la sueur de son front. Dans cette optique, communiquer est une perte de temps. Or, sans communication , les plus jeunes peuvent difficilement comprendre les intuitions qui habitent leurs parents ou leurs grands-parents.

Prenons un exemple concret. Un père et sa fille se disputent. Le père débarque dans le bureau de sa fille en criant qu’ils ne feront pas d’argent ce mois-ci. La fille est confuse, ne comprend pas comment son père peut dire une telle chose puisqu’elle n’a vu aucun chiffre encore. Les disputes rejetées sans que le père et la fille n’arrivent à en comprendre la cause.

Dix ans plus tard, alors que le père affirme une fois de plus haut et fort qu’ils ne font pas d’argent, sa fille lui demande : « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » Il l’amène à la benne à ordures de la scierie et lui fait remarquer qu’elle est pleine au ¾. « Quand il y a autant de perte, on ne fait pas de profit. » La fille, estomaquée, se demande bien pourquoi son père ne lui a pas dit ça 10 ans plus tôt.

L’ intuition mène donc les cédants à voir certaines réalités et à prendre certaines décisions de façon plus ou moins consciente. Ou, si le cédant n’arrive pas à nommer son intuition, il a engendré un conflit au sein de la famille en affaires.

Il est donc primordial que le cédant arrive à communiquer . S’il n’accepte pas de s’introspecter afin de mieux se comprendre, il n’arrivera pas à l’émotion qui l’habite. C’est ici que la roue des émotions peut s’avérer utile, puisqu’il s’agit d’un outil efficace pour identifier avec précision l’ émotion qui surgit en nous.

Bref, si le cédant n’arrive pas à l’émotion qui l’habite, il perd la capacité de verbaliser son intuition et de se faire comprendre par la jeune génération et il crée, par le fait même, des conflits .

Avant même de pouvoir communiquer son intuition, le cédant se doit donc d’aller creuser du côté de l’émotion pour ainsi développer son intelligence émotionnelle . Cette intelligence émotionnelle lui permettra de comprendre et de mieux gérer les émotions suscitées par les questions de la jeune génération et d’aborder des sujets plus délicats.

L’intuition non verbalisée n’est pas la seule source de conflit entre les générations d’une famille en affaires. Nous verrons, dans le prochain billet de blogue, que la roue des émotions s’avère inefficace si on prête à celui avec qui l’on est en conflit de mauvaises intentions .

 


Étant donné que la gestion des émotions en affaires est un facteur clé dans l’atteinte d’une complicité entre les générations, je vous invite à consulter ma série qui aborde les défis qui représentent la cohabitation de plusieurs générations au sein d’une entreprise familiale .

Sylvie Huard

Sylvie Huard

Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais!  Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales.  J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.

Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.

Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité.  Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.

Chacun a sa propre façon de redonner au suivant.  Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture.  Dans  Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.