Voulez-vous que je lise ce billet pour vous ?
L’orgueil dresse les êtres les uns contre les autres, alors que l’humilité, qui consiste à reconnaître qu’on n’est pas le seul à avoir raison, rétablit l’harmonie.
Omraam Mikhaël Aïvanhov
J’ai assisté à un congrès sur le repreunariat il y a quelques mois et j’ai été étonnée de retrouver un concept au cœur de plusieurs présentations : l’humilité. Ce concept me semble nouveau dans le monde des affaires, mais il ne fait aucun doute qu’il a sa place dans le processus de transfert d’entreprise puisque sans humilité, il se peut que l’une des deux personnes s’éteigne pendant le processus ou encore quitter l’entreprise dans des circonstances non favorables .
Le repreneur a plusieurs devoirs et responsabilités, mais l’une des attitudes les plus importantes dans le processus de transfert, c’est d’être vraisemblablement aux yeux des relais. Or, sans humilité et sans intelligence émotionnelle — cette qualité que tout membre de l’entreprise, même le cédant, devrait posséder — la crédibilité du repreneur est très dure à bâtir .
Qu’est-ce que l’humilité, me demande-vous ? Être humble, c’est accepter de ne pas savoir. C’est écouter, être curieux , vouloir apprendre. Sans humilité de la part du repreneur et du relayeur, le processus de transfert, qui peut durer plusieurs années, s’avère ardu et pénible. Sans humilité, la relève risque d’adopter une attitude de « je connais tout », tandis que le cédant ne sera pas capable de voir que la relève a quelque chose à apporter.
J’ai rencontré ce problème à plusieurs reprises dans ma pratique. Le manque d’humilité fait obstacle au transfert de connaissances entre le relais et le repreneur, ce qui n’aide en rien le processus de transfert d’entreprise.
Si, par exemple, un père dit à son fils qu’il va le « casser », il ne fait pas preuve d’humilité, puisqu’il présume que sa vision est fausse et que lui seul a raison. Par contre, si le fils est animé par le désir de montrer à son père de quel bois il se chauffe, il lui manque aussi d’humilité, puisqu’il n’est pas prêt à écouter ce que son père veut lui transmettre.
Cet exemple montre que l’absence d’humilité engendre une mauvaise communication , essentielle au bon fonctionnement de l’entreprise , et fait apparaître plusieurs sentiments négatifs comme la colère, la tristesse, le désespoir. Le concept d’humilité n’aurait peut-être pas pu aider le père et le fils à travailler ensemble, mais il pourrait-être pu éviter que leur relation d’affaires se termine dans le conflit .
Voilà ce que je souhaite : faire prendre conscience à la relève comme aux cédants que ce qui bloque le processus de transfert n’est parfois qu’un trop-plein de fierté. L’absence d’humilité fait bien souvent ressortir le pire de l’autre et crée des relations rigides ancrées dans la confrontation . Dans ce genre de relation, il n’y a aucun lieu pour la connexion entre les générations , ce qui est un véritable problème.
L’humilité peut parfois être présente chez une seule des deux parties, qu’il s’agisse du relayeur ou du repreneur. Si, en plus, ce dernier se montre résilient, alors la relation s’avèrera encore plus difficile. En effet, une personne humble et résiliente , face à une autre personne qui manque d’humilité, tolère trop souvent l’intolérable . Au sein d’une famille en affaires, dont les membres ont souvent de la difficulté à définir leurs limites, ce problème peut rapidement dégénérer.
Afin d’éviter d’en arriver là, il s’avère primordial de déterminer le rôle et les responsabilités de chacun et de définir un processus décisionnel avec lequel les deux parties seront d’accord. Il est également important de planifier des rencontres annuelles, que j’aime bien appeler des rencontres transformatives, afin de s’assurer que chacun s’acquitte bel et bien de ses rôles et de ses responsabilités. Sans cette rencontre, inutile de définir quoi que ce soit.
Quand nous sommes devant une personne remplie de convictions, il est également très important de savoir nommer nos besoins , et non se taire et tout accepter. Nous verrons, dans le prochain billet de blogue, un autre outil qui s’avère particulièrement utile pour nommer nos besoins quand nous n’avons pas l’habitude de le faire : la roue des besoins.
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Vous trouverez ci-dessous la liste complète des articles de la série Gestion des Émotions :
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Étant donné que la gestion des émotions en affaires est un facteur clé dans l’atteinte d’une complicité entre les générations, je vous invite à consulter ma série qui aborde les défis qui représentent la cohabitation de plusieurs générations au sein d’une entreprise familiale .
Sylvie Huard
Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais! Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales. J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.
Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.
Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité. Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.
Chacun a sa propre façon de redonner au suivant. Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture. Dans Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.