Billet 3: La vulnérabilité et la curiosité, deux ingrédients clés pour utiliser les conflits au lieu de les propager

Billet 3: La vulnérabilité et la curiosité, deux ingrédients clés pour utiliser les conflits au lieu de les propager

Voulez-vous que je lise ce billet pour vous ?

 

Avez-vous peur d’aborder certains sujets au sein de votre conseil de famille ? Choisissez-vous de taire les problèmes que vous constatez au sein de l’entreprise afin de ne pas heurter les émotions d’un membre de la famille ? Si c’est le cas, ce billet de blog est pour vous !

La vulnérabilité n’est pas la faiblesse. L’incertitude, le risque et les émotions de tous les jours ne sont pas des options. Le seul choix possible est une question d’engagement. La volonté d’assumer sa vulnérabilité et de l’embrasser détermine la profondeur du courage et la clarté du but.
– Brené Brown

Nous avons vu, dans le dernier billet de blogue, que les faux-sentiments propagent le conflit au sein d’une entreprise familiale. Or, si nous voulons éviter de répandre le conflit, nous ne voulons pas pour autant l’effacer ou le mettre de côté en faisant semblant qu’il n’existe pas. Nous verrons, dans ce billet de blogue, que le conflit est porteur d’innovations pour les familles en affaires quand il est utilisé correctement.

 

Les non-dits au cœur des conflits

Qu’est-ce qui, le plus souvent, produit des conflits au sein des familles en affaires ? Les non-dits . À force d’accumuler des non-dits, les familles s’empêchent d’explorer les différents chemins qui s’offrent à eux. Les non-dits, nous l’avons vu, entravent le «  cerveau collectif  », cette méthode qui permet de favoriser la perle, le point de vue de chacun pour atteindre une vision globale à 360 degrés.

Pourquoi donc préférer le non-dit à la communication ?

Quand un membre d’une famille en affaires décide de se taire plutôt que de parler franchement d’un problème, c’est qu’il a peur de briser quelque chose au sein de la famille. Le conflit est alors perçu comme une source de douleur . Comme le mentionnent Susan Clarke et CrisMarie Campbell , c’est tout à fait normal de vouloir éviter le conflit : il n’est pas confortable et peut créer des émotions difficiles à gérer .

Et si ces émotions étaient en réalité porteuses d’innovation  ? Et si le conflit n’était pas bon ou mauvais, mais plutôt une source de créativité  ?

Susan Clarke et CrisMarie Campbell en sont convaincues : le conflit en soi n’est pas un problème, c’est plutôt le choix de le désamorcer au lieu de l’utiliser qui est problématique.

 

Un peu de vulnérabilité et de curiosité

Comment pouvez-on utiliser judicieusement les conflits, me demanderez-vous ?

Il est d’abord important de se connecter avec l’autre afin de comprendre son point de vue. Selon Brené Brown , pour être en mesure de vraiment se connecter avec l’autre, il faut se mettre à nu, se laisser voir dans sa plus profonde vulnérabilité.

Comprenez-moi bien, vulnérabilité n’est pas ici synonyme de faiblesse .

Comme le souligne Brené Brown , ceux qui justifient la peine d’une connexion sont courageux. Ils ont le courage d’être imparfaits, d’embrasser leur vulnérabilité, parce qu’ils croient que ce qui les rend vulnérables les rend aussi authentiques.

Donc, être vulnérable, c’est, comme le précisent Susan Clarke et CrisMarie Campbell , d’être prêt à s’exposer au danger, à prendre un risque. En étant vulnérable, on arrête d’essayer de gérer les émotions des autres pour exposer ses propres émotions.

Si la vulnérabilité permet aux membres d’une famille en affaires de s’ouvrir à l’autre dans un contexte de conflit, la curiosité , quant à elle, permet aux travailleurs de croire en leur jugement tout en étant ouverts à d’autres perspectives . En faisant preuve de curiosité, les membres d’une équipe sont conscients qu’il existe plus d’un chemin, plus d’une vérité.

Un exemple au cœur de ma pratique

Prenons une situation qui me touche personnellement.

Mon travail de coach pour les familles en affaires m’amène à faire plusieurs suivis avec ma fille, Jade . L’ambiance de ces suivis est parfois assez tendue. Nous nous sommes donc donnés pour objectif d’avoir plus de plaisir lors de ces rencontres, et, dans cette optique, nous attribuons une cote à notre expérience à la fin de la réunion : insatisfaisante, satisfaisante ou très satisfaisante.

En acceptant l’idée que la rencontre puisse être insatisfaisante, nous acceptons d’emblée notre vulnérabilité . Ce moment d’ auto-évaluation nous permet également de toucher à notre curiosité , puisqu’on se questionne : pourquoi une mauvaise ambiance offerte-t-elle nos suivis ? Qui en est la source ?

Bien souvent, ce n’est pas une seule personne qui déclenche la tension. Un mot chez l’une entraîne une réaction chez l’autre et l’ambiance se détériore tranquillement. Donc, en étant curieuses et vulnérables, en accueillant l’autre et en s’accueillant soi-même dans notre imperfection , nous devenons de plus en plus conscientes de cette chaîne à effets et nous découvrons nos besoins , ce qui nous permet de développer des outils afin d’améliorer l’ambiance des suivis.

 

En bref, tout travail d’équipe au sein d’une entreprise familiale génèrera des conflits , puisque ces équipes sont formées de personnes intelligentes et passionnées qui, à un moment ou à un autre, voudront défendre un point qui sera à l’opposé de l’opinion de leur coéquipier.

Ou, quand on inclut vulnérabilité et curiosité dans la gestion d’un conflit , on l’utilise au lieu de le désamorcer. Dès que ses deux ingrédients sont en jeu, les familles en affaires arrivent à se connecter et à trouver des solutions ingénieuses et innovantes aux problèmes qu’ils rencontrent.

Nous aborderons, dans le prochain billet de blogue, une aptitude essentielle afin de tempérer les non-dits , qui sont une source d’ émotions négatives et de conflits : la connaissance de soi .

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Étant donné que la gestion des émotions en affaires est un facteur clé dans l’atteinte d’une complicité entre les générations, je vous invite à consulter ma série qui aborde les défis qui représentent la cohabitation de plusieurs générations au sein d’une entreprise familiale .

Sylvie Huard

Sylvie Huard

Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais!  Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales.  J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.

Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.

Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité.  Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.

Chacun a sa propre façon de redonner au suivant.  Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture.  Dans  Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.