La plupart des problèmes en entreprise (ou ailleurs) sont dus à un manque de communication. Je le constate quand j’anime un lac-à-l’épaule ou une rencontre d’équipe. La conclusion est souvent : il faut mieux communiquer.
En constatant cette conclusion dans les rencontres et le désir des participants de communiquer tout en ne posant aucun geste pour le faire par la suite, je me suis demandée pourquoi. Voici le fruit de ma réflexion.
Mieux communiquer, c’est:
- Réfléchir,
- Décrire la situation,
- Se positionner,
- Choisir les bons mots,
- Trouver le bon moment.
On convient que c’est loin d’être simple! Que dites-vous qu’on s’entende d’abord sur ce fait? C’est difficile de communiquer, d’accord? Maintenant que nous sommes d’accord sur ce point, la prochaine fois que quelqu’un veut nous donner de la rétroaction, on accueille un peu mieux ce qu’il a à nous dire?
Tout est une question de mots. En entreprise, je suis celle qui aide les gens à trouver les bons mots pour avancer et solutionner les différends.
Moi-même, je me rends compte que si les gens ne me comprennent pas, c’est parce que c’est moi qui n’utilise pas les bons mots.
Réfléchir et décrire la situation
Pourquoi est-ce si difficile de bien communiquer de nos jours? Une partie de la réponse se trouve dans notre passé : nous ne sommes pas encore habitués aux changements si rapides qui caractérisent notre société d’aujourd’hui.
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, chacun avait un rôle clair à jouer et personne ne s’attendait à plus. L’homme travaillait, la femme était à la maison. Le patron décidait et l’employé exécutait. On fabriquait des voitures noires et quand on achetait un électroménager, c’était pour 30 ans. Même en consommant, on n’avait pas à se questionner.
En entreprise, ça bouge chaque jour! Ce qui était vrai hier peut être faux demain. Les marchés changent et les dirigeants d’entreprises doivent s’adapter constamment.
Quand tout va bien, c’est facile de dire « bravo! », mais si ça va mal, c’est beaucoup plus difficile. Il faut prendre le temps de réfléchir à la situation et la décrire.
Décrire une situation, c’est régler la moitié du problème! On peut parfois se rendre compte qu’on arrive dans un cul-de-sac. Si c’est le cas, on reprend l’exercice de réflexion.
Positionner le problème avec les bons mots
Mettons en scène une situation : un père, dirigeant d’entreprise, affirme que son fils ne pourra finalement pas prendre la relève de l’entreprise. Il a toujours pensé que oui, mais maintenant il se rend compte que ce dernier n’a pas l’âme d’un entrepreneur. Pourquoi? Il arrive au bureau à 8h30 et repart à 16h30. Le père pense qu’il ne travaille pas assez pour diriger une entreprise.
À cette idée, on peut émettre l’hypothèse que nous sommes en face d’un problème générationnel.
Naturellement, en tenant un discours comme celui-ci, c’est difficile d’engager un dialogue. Décrire le problème de façon à ne pas porter de jugement de valeur peut changer toute la dynamique et ouvrir le dialogue.
« La priorité de mon fils est sa famille et non l’entreprise. Il m’a toujours semblé qu’il avait des aptitudes entrepreneuriales, mais j’ai peur qu’avec cet horaire de travail, il échoue. »
Trouver le bon moment pour que l’autre soit en état de réception
Ces mots placeront l’autre en état de réception, pourvu qu’ils lui soient présentés dans un bon moment.
Ça ne veut pas dire que la réponse sera positive. Peut-être que le fils dira à son père que l’entrepreneuriat n’est effectivement plus pour lui depuis qu’il a une famille. Mais peut-être lui avouera-t-il qu’il adore son métier et qu’il travaille à la maison quand les enfants sont endormis.
Ce n’est pas une démarche qui est simple. C’est souvent à ce moment qu’un médiateur peut faire une différence et aider à trouver la porte d’entrée qui ouvrira le dialogue.
Avec une approche constructive, notre vis-à-vis est plus ouvert. Vous vous êtes entendus sur le fait que communiquer ce n’est pas facile et vous avez mutuellement de l’admiration pour avoir eu le courage de le faire.
Prochain billet : Comment communiquer quand un employé, qui n’est pas le dirigeant, devient actionnaire. Nous démystifierons les différences entre actionnaire, dirigeant et employé.
Sylvie Huard
Accompagnatrice, médiatrice et fondatrice
Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d'entreprise, je m'y connais! Eh oui, j'ai réalisé 10 transactions d'actions, dont 3 en entreprises familiales. J'ai aussi eu le grand privilège d'occuper le poste de PDG au sein d'une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.
Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.
Accompagner une famille en affaires, c'est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité. Et c'est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c'est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.
Chacun a sa propre façon de redonner au suivant. Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l'écriture. Dans Entreprise familiale : jaser d'affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j'ai voulu outiller les familles à préserver l'harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.
Je suis tout à fait d’accord avec le fait que la communication n’est pas une chose simple et qu’il faut admettre cela avant tout. Si on ajoute à cela la dimension familiale et entreprise on se retrouve en effet ma chère Sylvie avec un méchant défi. Nous avions un commerce familial dirigé par mes 2 parents et aucun des enfants n’a repris le flambeau au grand désarroi de mon père qui a du se résigner à fermer pour prendre sa retraite et dire ainsi adieu à tous les efforts de développement investis pendant 25 ans. Pourtant je crois que si mes parents avaient eu de l’aide du type de celle que Sylvie Huard offre, les choses auraient été différentes. Lorsqu’une entreprise ferme ses portes, même un commerce de détails, cela a un impact sur la communauté également.
Merci beaucoup Lyne Marie de nous avoir partagé ton expérience 🙂