Processus décisionnel: passer du sens unique au collectif

Processus décisionnel: passer du sens unique au collectif

 

Lorsqu’une entreprise familiale souhaite intégrer davantage les enfants au sein de l’entreprise — lorsque le cédant est prêt à déléguer et lorsque le ou les repreneurs sont prêts à prendre en charge plus de tâches — plusieurs défis peuvent surgir concernant la prise de décision.

Comment un cédant peut-il passer d’un processus solitaire à un processus collectif ? Quels sont les avantages d’une prise de décision collective ? C’est ce sur quoi nous nous pencherons dans cet article !

Quand le « brain » collectif s’en mêle

processus decisionnel 1

Réfléchir et prendre des décisions collectivement, est-ce que ça peut ? Tout à fait ! Étant donné le monde complexe dans lequel on vit, on ne peut plus se permettre de ne pas consulter plusieurs personnes avant de prendre une décision.

Quand on met en pratique le « brain » collectif, on s’assure d’intégrer la jeune génération, qui souhaite faire partie prenante du processus décisionnel. Quand on se sert du « brain » collectif, on s’assure aussi de mettre à profit les « trente degrés » de chaque personne impliquée afin d’espérer atteindre une vision à 360 degrés.

Autrement dit, s’abreuver à plusieurs façons de penser permet à l’entreprise familiale de réduire au minimum les angles morts et de prendre des décisions éclairées.

 

Les défis de la cohabitation des générations

Bien sûr, la cohabitation des générations amène son lot de défis, autant pour le repreneur que pour le cédant. Passer d’un seul décideur à plusieurs décideurs ne se fait pas en claquant des doigts.

Pour faciliter le processus, il s’avère important que chaque partie prenne conscience des défis qui animent l’autre génération.

Le repreneur fait face à quatre grands défis. Chacun de ces défis contribue, d’une façon ou d’une autre, à forger la vision des repreneurs, et cette vision intervient forcément dans leur prise de décision.

processus decisionnel 2

Ainsi, les rôles différents occupés par le cédant et les repreneurs peuvent les mener à développer différentes priorités en ce qui a trait au plan stratégique. De même, la volonté de se faire accepter par les relations de l’entreprise et de consolider leur crédibilité — deux clés essentielles pour la pérennité de l’entreprise — aideraient les repreneurs à considérer des éléments auxquels le cédant n’aurait pas pensé.

Le cédant, pour sa part, n’est pas en reste. Quatre grands défis l’habitent et forgent sa vision.

processus decisionnel 3

Le désir de léguer une vision stratégique précise et compréhensible aux repreneurs mènera donc peut-être le cédant à considérer certains aspects oubliés par les repreneurs dans un processus décisionnel.

De plus, s’il n’a pas, pour sa retraite, un plan d’avenir qui l’allume et qui met en lumière son talent, il sera sans doute difficile pour lui de lâcher prise et de passer d’un leadership centralisé à un leadership de collégialité.

 

Définir un processus décisionnel collectif

Afin de faciliter la prise de décision collective, il s’avère primordial de définir un processus décisionnel familial clair avec lequel tous les membres sont en accord. Ce processus peut prendre plusieurs formes. Tout ce qui importe, c’est que tous les membres s’entendent.

Une famille pourrait, par exemple, adopter un processus décisionnel en trois étapes :

  1. Prendre une décision de façon unanime en s’assurant que chacun a eu l’information nécessaire pour former une opinion éclairée.

Si la décision unanime est impossible, on passe à l’étape 2.

  1. Fixer un maximum de trois rencontres supplémentaires afin d’arriver à une décision partagée par 75 % des membres.

Si la décision n’est toujours pas possible, on passe à l’étape 3.

  1. Accorder un droit de veto à la personne la plus âgée de la sage génération, qui s’engage à tenir compte des informations échangées lors de la première et de la deuxième étape du processus décisionnel familial.

Ce processus n’est évidemment qu’un exemple parmi tant d’autres : à vous de définir le processus qui vous convient !

processus decisionnel 4

Passer d’un « one man show » à un « coleadership »

Bref, faire le saut afin de prendre des décisions collectives est loin d’être évident, mais ô combien important et sécurisant pour avancer avec sens et puissance ensemble !

Certes, réfléchir en groupe peut s’avérer plus long, mais une décision prise à l’aide d’une vision à 360 degrés, c’est puissant !

Dans le prochain article, nous aborderons un sujet délicat : les tabous qui, trop souvent, s’immiscent entre le repreneur et le cédant quand vient le temps de parler du transfert de l’entreprise familiale.

 
Sylvie Huard

Sylvie Huard

Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais!  Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales.  J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.

Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.

Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité.  Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.

Chacun a sa propre façon de redonner au suivant.  Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture.  Dans  Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.