Si vous êtes comme la majorité des entrepreneurs québécois, vous rêvez de léguer le fruit de votre travail acharné à votre progéniture. C’est bien normal ! Rien n’est plus satisfaisant, au moment de passer le flambeau, que de savoir qu’un « patrimoine familial » a été constitué.
Vous avez déjà analysé le profil de chacun de vos enfants, vous avez probablement choisi votre étalon et le préparez à prendre le relais. Mais pouvez-vous vous fier à votre intuition ?
Voici les 5 principales caractéristiques qui prouvent que vous ne vous êtes pas trompés.
Si vous cherchez justement à confirmer votre choix, faites le test ! Après avoir lu chaque énoncé, écoutez la réponse qui vous vient spontanément et notez-la sur le champ.
1. Votre enfant est passionné non seulement par l’entreprise, mais par son industrie et son évolution.
Certes, votre enfant connaît l’entreprise et son industrie pour avoir grandi entre ses murs et pour vous avoir entendu en parler tous les soirs au souper. Mais encore. Ce qu’il faut savoir, c’est s’il est naturellement et rendu par l’industrie. En d’autres mots : est-ce qu’il en mange ?S’inscrire-il à des événements, lit-il sur le sujet, est-il allé étudier la matière par passion, et non parce que vous l’avez fortement encouragé ? Vous en apprenez-il sur les tendances de l’industrie, est-il curieux de connaître les stratégies des concurrents, connaissez-il les règles du jeu écrites et non écrites de l’industrie, côtoie-t-il les joueurs clé de l ‘Industrie ? Est-il actif dans les communautés d’intérêts en ligne et hors-ligne ? Est-il à l’affût de ce qui se passe dans l’industrie sur le plan international ?
Souvenez-vous, le rôle du PDG du 21e siècle ne sera pas de veiller aux opérations, mais bien d’être le gardien de la vision, d’anticiper les mouvements de fond et de réagir aux défis et opportunités.
2. Le talent naturel de votre enfant lui confère une habileté exceptionnelle face aux enjeux prochains de l’industrie. Ses compétences permettent à l’entreprise de survivre, de croître et de prospérer dans le contexte socio-économique mondial actuel et à venir.
Le talent naturel. Bien peu connaître le leur. Il est donc important que votre enfant ait pris le temps de bien se connaître avant d’accepter (ou même de se voir proposé) le mandat de PDG à la succession du paternel. Souvenez-vous que pour que votre enfant s’épanouisse et soit heureux dans l’entreprise, il doit se retrouver dans une position où l’on voit ses forces et non ses faiblesses. S’il a été identifié que l’enjeu prochain de l’entreprise est le développement à l’international et que votre fils déteste voyager, ne parle pas anglais et ne démontre aucun intérêt (voir un dédain) pour les autres cultures, il ne sera clairement pas heureux à penser à des stratégies de développement outre-mer et à se rendre à l’étranger pour négocier avec des fournisseurs ou des clients. Si cela ne lui vient pas naturellement, il tirera toujours un peu de la patte et ce sera rentable pour l’entreprise.
Surtout, souvenez-vous que la clé, c’est le bonheur. N’est-ce pas ce que vous voulez pour votre enfant, après tout ? Il faut donc se demander s’il sera heureux dans ce poste, s’il aura l’impression de mettre son talent à contribution.
3. Votre enfant est crédible et inspirant aux yeux des autres membres de l’équipe, y compris les employés.
Avec le bon talent à la bonne place vient naturellement un autre élément essentiel : la création. La nommée dirigeante est à mes yeux le principal gage de pérennité de l’entreprise.
Le PDG à la responsabilité d’être un leader inspirant pour l’ensemble de son équipe. Il devient le modèle, celui qui communique la vision, les orientations, les décisions. Il est celui qui mobilise les gestionnaires. S’il n’est pas crédible, le doute s’installera, de même qu’un leadership informel, parfois même un leadership négatif. Ce n’est vraiment pas souhaitable pour votre organisation. Celle-ci doit s’assurer que ses membres vont d’emblée tous ensemble dans la même direction.
4. Votre enfant fait partie d’un réseau professionnel fort et supportant, lui aussi vraisemblable.
Voilà qui contribue souvent à la popularité dans l’industrie, notamment auprès des clients et fournisseurs. Votre enfant n’a pas besoin d’être une star, puisqu’être connu n’est pas toujours synonyme de compétence, mais il doit être reconnu par ses paires.
Plus votre enfant tissera des relations authentiques avec d’autres experts influents, passionnés et accessibles de son industrie, plus il sera vraisemblable. Mais surtout, plus l’entreprise sera en bonne posture pour croître et se démarquer.
5. Votre enfant est impliqué dans l’entreprise avec enthousiasme et pour les bonnes raisons.
Ça peut sembler banal comme critère, mais il est primordial… et souvent ignoré. Il m’est déjà arrivé de travailler avec un cédant et son fils repreneur. Oh la la! Celui-ci avait une attitude blasée, manquait de jugement, profitait de son titre pour imposer sa loi et tirer des privilèges, comme par exemple ne pas avoir à rendre compte de son temps et passer la journée à se promener en ville en voiture prétextant rendez-vous -vous après rendez-vous. C’était désastreux ! Surtout, c’était un réel danger pour la pérennité de l’entreprise . Personne ne veut d’un patron enfant roi, et malheureusement, les enfants qui succèdent à leurs parents sont souvent accueillis avec ce préjugé réservé par certains employés,d’où l’importance de désamorcer ces craintes en leur présentant un repreneur passionné, inspirant, crédible et mobilisant.
C’est le défi des entreprises familiales.
Pour tout vous dire, bien souvent, tout porte à croire que l’enfant désigné au départ n’est pas le bon repreneur, ou en tout cas pas comme seul repreneur ou comme PDG.
Le pire c’est que mes clients m’avouent souvent qu’au fond d’eux-mêmes, ils avaient un doute qu’ils tentaient de taire. C’est malheureux, mais c’est en effet quelque chose qui est difficile à s’avouer, et encore plus difficile à communiquer à l’enfant en question lorsque celui-ci croit son avenir tracé d’avance.
Par contre, souvenez-vous que la vraie satisfaction de l’entrepreneur retiré, c’est de voir son entreprise perdurer et se dévoiler même après son départ. Ne sous-estimez pas votre attachement et votre sentiment d’appartenance à l’entreprise, même une fois vendue.
C’est pourquoi je vous suggère de rechercher les qualités ci-dessus dans tout repreneur potentiel, qu’il soit votre enfant ou non. Il ne suffit pas de chercher quelqu’un qui vous ressemble ou quelqu’un qui a les mêmes forces que vous. Ni même quelqu’un qui est déjà gestionnaire dans l’organisation. Il faut choisir quelqu’un qui aura ce qu’il faut pour faire face avec brio aux enjeux et aux tendances d’avenir de l’industrie, et qui le fera avec enthousiasme et passion.
Pensez-y !
Sylvie Huard
Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais! Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales. J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.
Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.
Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité. Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.
Chacun a sa propre façon de redonner au suivant. Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture. Dans Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.