La relève est sur toutes les lèvres. Enfin, on réalise que notre économie locale est en danger. Le consensus est là : il faut revigorer notre Québec inc., ou à tout le moins garder actif celui qu’on a. Il faut trouver des repreneurs. Des gens entreprenants prêts à prendre le risque de racheter une entreprise existante au lieu d’en créer une nouvelle.
Trouver des repreneurs… est-ce le seul enjeu de nos entreprises québécoises?
C’en est un, ça c’est sûr. Tout comme trouver les bons repreneurs pour la bonne entreprise (et le bon défi), et surtout, accompagner cédants et repreneurs pour faciliter la transition et améliorer les chances de succès.
Mais est-ce que ce sera assez pour assurer la pérennité de nos entreprises? Pas si sûr!
Déclarons l’état d’urgence : nos entreprises ne vont pas bien.
On oublie souvent que bien des entreprises en quête de repreneurs ne vont pas bien. Particulièrement celles issues de secteurs en décroissance comme le manufacturier. Est-ce facile de trouver des repreneurs dans ces secteurs? Est-ce alléchant pour un repreneur de se lancer disons, dans le bois ou le papier?
Pourtant, ces entreprises emploient des milliers de personnes au Québec et bien souvent, elles sont les piliers de notre santé économique. Dans ces cas, trouver un repreneur, c’est juste le début de vraie bataille.
La relève, prétexte pour un nouveau départ
Au Québec, on a aussi l’enjeu de redynamiser des secteurs. De les réinventer, littéralement. Le processus de relève est le meilleur moment pour faire cet exercice, puisque c’est un nouveau départ naturel.
Au delà de la continuité, il faut inscrire nos entreprises dans une viabilité durable. Dans l’accompagnement du duo cédant-repreneur, il faut soulever ces enjeux.
Les perspectives d’avenir influencent certainement le prix de vente, si cher au cédant. Mais ce que celui-ci oublie souvent, c’est que le travail de réorientation stratégique peut être fait avant la vente et avec le repreneur ou groupe de repreneur.
La situation du secteur d’activité de l’entreprise est également à considérer dans le choix du repreneur ou groupe de repreneur. Surtout, le cédant ne doit pas faire l’erreur de vendre à quelqu’un qui lui ressemble trop s’il se sent actuellement dépassé par la compétition internationale et si les affaires vont de mal en pis depuis plusieurs années.
Le one-man-show ne tient plus. Les affaires sont de plus en plus complexes et demandent de plus en plus des expertises pointues. Les repreneurs sont de plus en plus des groupes de repreneurs. On a besoin de sang neuf dans nos secteurs traditionnels pour être audacieusement créatifs, obtenir des résultats, faire une vraie différence et sauver ces milliers d’emplois qui ne tiennent souvent qu’à un fil dans la conjoncture mondiale actuelle.
Un pied de nez à la compétition
Arrêtez-moi ça, la compétition. La compétition entre intervenants de la relève, la compétition entre entreprises d’un même secteur d’activités.
La compétition, ce n’est pas notre voisin, c’est la Chine, l’Inde et les autres pays en émergence.
On ne sera pas trop de tous les intervenants pour dynamiser et réinventer les modèles d’affaires de nos entreprises, notre éco-système d’employeurs locaux, nos secteurs d’activité et notre économie.
Je crois pertinemment qu’il faut travailler ensemble pour réinventer nos localités, une à la fois. Il faut arrêter de tirer la couverture chacun de notre côté et mieux imbriquer les talents des intervenants.
Voici ce que j’ai imaginé. C’est mon offre de services aux CLD et aux autres intervenants locaux. Parce que je ne peux porter cette vision toute seule. J’ai besoin d’un effet de levier. Parce que le temps presse bien plus qu’on ne le pense.
(29/02/2012) : Vous n’avez qu’à suivre le lien suivant pour découvrir un extrait-vidéo de notre conférence pour les intervenants locaux de la relève. En 7 minutes, on vous dit à quoi vous attendre et on vous montre les meilleurs moments.

Sylvie Huard
Accompagnatrice, médiatrice et fondatrice
Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d'entreprise, je m'y connais! Eh oui, j'ai réalisé 10 transactions d'actions, dont 3 en entreprises familiales. J'ai aussi eu le grand privilège d'occuper le poste de PDG au sein d'une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.
Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.
Accompagner une famille en affaires, c'est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité. Et c'est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c'est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.
Chacun a sa propre façon de redonner au suivant. Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l'écriture. Dans Entreprise familiale : jaser d'affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j'ai voulu outiller les familles à préserver l'harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.
Bonjour Sylvie,
Félicitations pour cet article, j’aime beaucoup tes pistes de solutions!
J’aurais une question à soulever relativement à un aspect de ce billet.
«Les perspectives d’avenir influencent certainement le prix de vente, si cher au cédant.»
Comme le prix de vente est un élément aussi très important pour le repreneur, est-il possible que ce dernier cherche à cacher ses idées novatrices au cédant afin de garder le prix de vente le plus bas possible?
Comment faire travailler les deux acteurs main dans la main alors que le repreneur voudrait probablement garder le fruit de ses idées pour lui?
Merci!
Laura-Émilie
Bonjour Laura-Émilie,
Excellente question :-). Voici quelques questions de départ pour s’orienter.
Veut-elle racheter à même les profits de l’entreprise ou elle emprunte 100% du montant?
Est-ce un domaine ou sa crédibilité est bien établie?
À-t-elle confiance au cédant? Est-ce qu’elle le connaît depuis longtemps?
Est-ce qu’elle voit le cédant comme un élément stratégique ou l’entente est qu’il part dans les 12 mois?
Ce sont quelques questions qui orientent la réponse et qui vont en apporter d’autres tout aussi importantes.
Excellent article comme d’habitude. J’ajouterai que trop souvent les cédants pensent à eux avant de penser à l’entreprise et ce faisant hypothèquent l’avenir de leur entreprise.
Merci monsieur Savoie pour votre commentaire.
J’aimerais bien voir émerger un jour des activités de réseautage/speed dating entre les entrepreneurs qui cherchent à céder leur entreprise et les entrepreneurs de la relève. Est-ce que ce type de rencontres s’est déjà fait ailleurs dans le monde, ou encore chez nous?
Bonjour Laura-Émilie,
La plupart des entrepreneurs sont très discrets dans leur démarche et ce partout dans le monde. Je prends cette demande en compte et je cogite dessus.