Où vont nos efforts en relève?

Où vont nos efforts en relève?

C’est avec une question un brin dérangeante que j’amorce ce billet. Serait-ce le décalage horaire qui effrite mon sens du tact? Bien sûr que non! La vérité, c’est que je pense qu’il va falloir s’ouvrir les yeux un peu plus grands… Je m’explique.

Je reviens de Belgique où j’ai assisté au plus récent colloquium organisé par Transeo, l’association européenne de la transmission des PME. Comme je le disais dans mon dernier billet, il est fascinant de constater la solide méthodologie de travail des membres de cette association ainsi que leur profond désir de comprendre la relève, une question si importante au plan économique. Parmi tous les spécialistes présents, j’ai eu la chance de rencontrer un professeur des Pays-Bas qui fait un doctorat sur les émotions dans un transfert d’entreprise. La complicité entre nous a été immédiate! Je reviens toutefois de Bruxelles un peu déçue, car l’association n’a pas réellement abordé la question des facteurs humains. On mentionne qu’ils sont déterminants, et on passe à autre chose…

Qu’est-ce qui se passe?

J’ai vécu une relève familiale et je baigne dans le milieu depuis des années. J’accompagne des entreprises qui travaillent à en réaliser une, je lis des livres et des études sur le sujet, je parcours même les continents pour en apprendre davantage et le constat reste sensiblement le même : les facteurs humains jouent un rôle crucial dans la réussite de la relève. Comment se fait-il alors que nous déployons presque tous nos efforts à régler des questions monétaires, administratives et fiscales? Ces questions sont certes importantes, mais, alors que les études prouvent que les lacunes principales sont liées aux communications, pourquoi n’accordons-nous pas plus de temps à gérer cet aspect de la relève?

Faut-il rappeler que 60 % des relèves échouent? Il me semble qu’on peut faire mieux avec tout ce que l’on sait!

Beaucoup de travail se fait pour sensibiliser les PME à la question de la relève. Le Groupement des chefs d’entreprise du Québec fait d’ailleurs un très bon boulot sur ce plan. Les centres de transfert d’entreprises ont été mis sur pied pour informer et aider les cédants et les repreneurs. Avec tout l’argent qu’on injecte et l’énergie que l’on déploie, comment se fait-il que les résultats ne soient pas au rendez-vous?

Briser le moule

Si on veut vraiment avancer et obtenir des résultats satisfaisants, il faut cesser de travailler en vase clos. Les chercheurs font des études fascinantes sur le sujet, mais elles sont malheureusement reçues froidement par les gens sur le terrain. On se plait à rassembler des spécialistes lors de tables multidisciplinaires dans lesquelles on sort rarement de sa zone de confort. Il faut aller plus loin.

Aller plus loin, c’est briser le moule et regrouper tout le monde. En plus d’être multidisciplinaires, il faut que les idées du public, du privé et de l’académique s’entrechoquent, que ces gens mettent leur savoir en commun à la même table. Chacun possède une partie de la réponse, imaginez la puissance à travailler ensemble!

Plus je réfléchis et plus ça devient clair pour moi. Nous n’avons pas de temps à perdre, il faut changer la formule! Pour des répercussions rapides, les passionnés de relève de tous les milieux et de tous les secteurs doivent se rassembler, mettre leurs appréhensions de côté et travailler ensemble!

Qui est prêt pour un projet-pilote?

Sylvie Huard

Sylvie Huard

Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais!  Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales.  J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.

Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.

Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité.  Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.

Chacun a sa propre façon de redonner au suivant.  Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture.  Dans  Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.

4 Comments

  1. Langis Lavoie

    Je suis partant pour essayer de changer l’approche puisque de toute évidence, la réponse est difficile à obtenir.

    Ici, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous avons de très bons résultats mais il en faudrait le double…

    Vous pouvez me joindre à votre groupe au besoin.

    Langis Lavoie

  2. Sylvie Huard

    Merci monsieur Lavoie de votre intérêt, je garde en tête votre offre avec plaisir.

    Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui a marché le mieux dans vos efforts déployés jusqu’à maintenant?

  3. Richard Huard

    Après lecture du billet, je donne mon commentaire a la question, pourquoi l’humain est important et mis de côté? Parce que, ce qui est reconnue est le succès monétaire avec bien sur le moins d’impôt payé. Quand ceci est réussis les gens diront il ou elle a bien réussis en affaires. Tant que la première valeur dans le transfert de l’entreprise sera l’argent la situation a peu de chance de changer. Est-il possible de faire un transfert en pensant aux gens qui y sont attachés, dédiés? Tout en garantissant une sécurité financière au cédant.

  4. Sylvie Huard

    Merci Richard pour ton commentaire. En ce qui me concerne je crois que si j’aurais planifié ma relève comme l’indiquent les recherches (5 ans pour un transfert à la direction) je n’aurais pas une créance irrécouvrable de plus de 700 000$. De ne pas m’avoir préparé, fût perdant du côté financier et humain autant pour les employés, l’entreprise que pour moi. Quel gâchis!