˜˜Voulez-vous que je lise ce billet pour vous?
Je me dois d’écrire ces prochains billets de blogue puisque je considère que mon père (celui que vous voyez sur la photo), fondateur de sa business, est mort de l’avoir quitté trop tôt!
Voici certaines attentes qu’ont la société, les conjointes*, leurs enfants envers nos bâtisseurs pour qu’ils quittent leur(s) entreprise(s) :
Transférer ses connaissances au successeur
- Laisser la place aux jeunes, les descendants se préparent depuis longtemps…
- Planifier sa relève…
- Profiter de la vie après tant d’années de dur labeur
- Faire voyager sa femme, il lui promet depuis si longtemps!
- Aller jouer au golf, aller à la pêche, à la chasse… Il n’arrive jamais à le prioriser!
Ce programme semble logique et intéressant, n’est-ce pas? Alors, pourquoi ce scénario, que tous les acteurs (société, amis, familles, fondateurs…) semblent vouloir, devient trop souvent un cauchemar? Voici le sketch que j’ai mis sur pied pour imager ma compréhension. À noter, que le narrateur est le fondateur.
« Dans 10 ans, je vais enfin prendre ma retraite…. Ouf! Je ne l’ai pas volée celle-là! J’ai travaillé fort pour me rendre là! Je suis tellement heureux de pouvoir annoncer à ma femme qu’enfin son rêve à elle va se réaliser : celui de voyager. Nous pourrons le faire puisque mon fils travaille dans l’entreprise depuis un certain temps déjà. Je suis très fier de lui! Il apprend bien, il est talentueux, il a tout ce qu’il faut pour prendre la relève. »
Sept ans plus tard…. La prochaine partie que vous allez lire à l’instant se passe en quelques secondes dans sa tête. Jamais il n’oserait le partager avec qui que ce soit!
« Bon ben, ce que je croyais un rêve s’en vient…Plus le jour «J » arrive et moins je suis certain que c’est ce que je veux :-(! Dans le fond, voyager ça ne me tente pas tant que ça! Laisser ma place de leader non plus. J’aime ça travailler! Veux-tu ben me dire ce qui m’arrive!
Mais j’ai pas le droit de virer de bord! La société s’attend de moi que je laisse la place aux jeunes. Je peux pas dire à ma femme d’oublier son rêve! Mon fils est prêt… J’ai pas le choix de continuer! Pourquoi le repos du guerrier tant attendu m’apparait maintenant comme le pire calvaire? Non, non et non, je vais cadenasser cette bulle qui vient de me monter au cerveau et l’enfermer dans mon inconscient! »
Le dossier étant réglé, on continue le plan initial au bon plaisir de toutes les parties!
Le lendemain matin, quand le fondateur entre au bureau, voici ce qui arrive :
« Mon Dieu, mon fils, quelle décision as-tu prise dans ce dossier? C’est le pire choix que tu pouvais faire, tu vas nous ruiner… » Il arrive le soir à la maison et dit à sa femme : « J’ai bien peur que nous devions oublier nos projets… Je réalise que notre fils n’est pas du tout prêt à prendre la relève! Si je quitte comme prévu, nous ne pourrons même plus avoir d’argent pour voyager! »
La morale de cette histoire : Plusieurs fondateurs ne veulent pas débuter le processus de transfert parce que, consciemment ou non, la plupart du temps, ils ne veulent pas partir! Dans cette série, je vais vous proposer des pistes de réflexion, des outils, des exemples, des possibles pour une meilleure connexion entre les générations.
« La vie c’est ce qui arrive quand on avait prévu autre chose », John Lennon
Notez que le masculin est utilisé pour alléger le texte et aussi parce que nos fondateurs qui transfèrent leur entreprise, en ce moment, sont plus souvent des hommes.
Vous trouvez ci-dessous la liste complète des articles de la série Complicité des Générations :
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Puisque l’atteinte d’une complicité entre les générations peut être grandement facilitée par une saine gestion des émotions, je vous invite à consulter ma série de billets de blogues qui démystifie la mine d’or d’informations que représentent les émotions en affaires.
Sylvie Huard
Accompagnatrice, médiatrice et fondatrice
Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d'entreprise, je m'y connais! Eh oui, j'ai réalisé 10 transactions d'actions, dont 3 en entreprises familiales. J'ai aussi eu le grand privilège d'occuper le poste de PDG au sein d'une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.
Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.
Accompagner une famille en affaires, c'est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité. Et c'est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c'est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.
Chacun a sa propre façon de redonner au suivant. Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l'écriture. Dans Entreprise familiale : jaser d'affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j'ai voulu outiller les familles à préserver l'harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.