À qui vendre son entreprise? Ou le bonheur comme gage de pérennité.

À qui vendre son entreprise? Ou le bonheur comme gage de pérennité.

Ah, le choix de « la relève », du « repreneur ».

Voilà une source de casse-tête et de questionnements pour tous les propriétaires de PME qui veulent assurer la pérennité de leur entreprise. Il s’agit d’une étape chargée d’émotions, de doute et de stratégie, que ce soit en entreprise familiale ou non. Personne n’y échappe. Ni plus celui qui souhaite vendre à l’externe et encore moins celui qui veut vendre à l’interne, à un groupe d’employé ou à sa progéniture.

En général, les propriétaires d’entreprises que je côtoie en tant que coach et spécialiste en relève en PME prennent le processus très au sérieux. Souvent, ils s’assoient avec leur comptable, avec leur expert RH, avec leurs associés. Une fois, deux fois, trois fois, plusieurs fois. Parfois (et idéalement) des années à l’avance. Et au final?

Je constate avec désolation qu’ils s’y prennent trop souvent bien mal pour choisir.  En fait, ils s’y prennent par la fin, ils font une analyse à 100 degrés et au terme de tout ce travail dont ils sont bien fiers… on se retrouve parfois avec de grandes catastrophes.

Ce n’est pas à votre responsable RH d’identifier quel genre de relève il vous faut.

Qu’on se le dise, identifier un profil devrait être une des dernières étapes. Une réflexion plus globale doit poindre dans la tête du propriétaire d’abord. Avant de penser à l’acheteur potentiel, avant de promettre à son fils qu’il sera le suivant, avant de s’avancer avec un groupe d’employés,  il est important de faire cet exercice en profondeur :

  1. Comprendre son industrie et son avenir
  2. Se positionner stratégiquement dans cette industrie à moyen et à long terme.
  3. Définir la vision de son entreprise dans 5 ans (Mon objectif pour mon entreprise est…?)

De cette analyse ressortira un défi majeur

C’est en fonction de ce défi qu’on peut commencer à décrire le profil de l’acheteur potentiel qui va assurer la pérennité de l’organisation. Pas avant. C’est ce qui vous permettra de non pas choisir un profil basé sur le passé de l’entreprise, mais plutôt d’identifier un profil porteur d’avenir qui permettra à votre entreprise d’entamer son prochain chapitre dans une position solide et prometteuse. Il est possible que le prochain dirigeant ait un profil différent du vôtre et c’est ok!

Si vous avez choisi de vendre à l’interne, c’est parce que vous voulez que les capitaux restent dans votre région.  Parce que vous voulez reconnaître les employés qui ont donné leur vie à l’entreprise.  Parce que vous voulez que vos enfants aient un revenu intéressant.  Parce que vous avez tout donné pour cette entreprise et que vous voulez qu’elle reste en vie avec ses valeurs. Pour que tout ça se concrétise, il faut choisir pour l’avenir.

Le cas délicat des entreprises familiales : dans le doute, choisir le bonheur!

Je rencontre parfois des pères qui disent « j’ai dit à mon fils il y a 13 ans que c’est lui qui reprendrait l’entreprise mais aujourd’hui je n’y crois plus.  » Je vois dans cette situation deux possibilités. Soit le père a négligé de préparer sa relève.  (À mon sens, c’est une catastrophe puisque l’estime de soi de l’enfant est grandement affecté par le regard d’un père déçu et une relation qui se détériore), soit le défi de l’entreprise a évolué et ça ne correspond plus du tout aux forces du fils. 

Dans les deux cas il y a une solution merveilleuse : Le BONHEUR. 

Ça fait plus de 15 ans que j’étudie le bonheur.  J’ai même rencontré le secrétaire du bonheur national brut au Bouthan.  C’est un désir universel et encore plus dans une relation père-fils.

Dans les deux cas, la même solution s’impose : confirmer d’abord le plus grand défi de votre entreprise puis le talent de votre fils et voir si les deux vont ensemble.

Sinon, nous allons l’aider à trouver sa place (dans l’entreprise ou ailleurs) pour exploiter son talent.  Au lieu de vous en vouloir tout le reste de votre vie de l’avoir mis dehors, il va vous remercier pour l’avoir reconnu dans ce qu’il a de meilleur à offrir! Je vous garantie qu’il sera d’ailleurs beaucoup, beaucoup plus heureux comme ça. Et vous aussi, par le fait même.

Ces émotions et ces attentes qui embrouillent tout.

Le plus grand défi est d’oser remettre en question les certitudes et les attentes qui se sont formées dans la tête de l’entrepreneur au fil des années. C’est accepter de dire : j’aurais rêvé que mon bras droit prenne ma relève, mais je dois me rendre à l’évidence : ce sera probablement la pire chose pour lui et pour l’entreprise. Il me faut plutôt ce nouvel employé qui est là depuis peu de temps mais qui a une vision et une compréhension incomparable de notre industrie…

La vente à l’interne est la voix la plus complexe en relève, parce qu’elle est empreinte de sens et de responsabilité. Les entrepreneurs choisissent cette voix complexe quand ils ne veulent pas qu’un de nos fleurons québécois se retrouve dans les mains des étrangers.  Ils pensent à l’avenir à long terme.

Ils savent maintenant que les honneurs d’avoir été « choisi » ou que plus d’argent n’égale pas plus de bonheur. Et ils osent, courageusement, se laisser guider par ce dernier dans leur décision.

Sylvie Huard

Sylvie Huard

Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais!  Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales.  J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.

Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.

Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité.  Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.

Chacun a sa propre façon de redonner au suivant.  Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture.  Dans  Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.

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