Quand parler du travail à la maison devient nocif

Quand parler du travail à la maison devient nocif

Charles arrive pour le souper avec 30 minutes de retard. Bis. Toute la famille, affamée, s’installe donc pour le repas. Comme tous les soirs, Stéphanie pose la question suivante : «Comment s’est passé votre journée ?»

— L’ado : Bof! Comme d’hab.

— Le mini : Aujourd’hui, on a joué au parc et Léo a pleuré parce qu’il est tombé. Chanceux : il a un pansement de Pat Patrouille sur son soutiens-gorge. Après la sieste, j’ai fait un beau bricolage d’Halloween.

— Charles : Journée de merde! Pour faire changement, Caroline est encore arrivée en retard ce matin. La machine de découpe laser est tombée en panne et ç’a pris presque toute la journée pour la réparer. As-tu une idée de ce que ça vient de coûter à la compagnie ? Je hais payer du monde à ne rien faire. Et puis, Pierre, je ne suis plus capable d’endurer son mauvais caractère. S’il ne change pas, je le mets dehors.

Hum, le beau souper en famille ! Une chance que le mini est là pour égayer ce moment plutôt ordinaire.

Selon vous, est-ce qu’on devrait parler de job à la maison avec la famille ou les amis ? Et est-ce qu’on parle de tout ou il ya des sujets qu’on devrait éviter ? Démystifications tout cela…

Le danger de parler (trop) de boulot à la maison

En tant que chef d’entreprise, Charles passe beaucoup de temps au boulot. Ça lui arrive de sacrifier ses soirées ou ses week-ends pour travailler.

Alors, le problème ne réside pas dans le fait de parler du travail à la maison. Le problème, c’est que Stéphanie et les enfants ont l’impression que l’entreprise s’accapare tout son temps et toute son attention et qu’il n’en reste plus pour eux. Petit à petit, un sentiment de haine envers l’entreprise s’est installé.

Un cadre pour en parler : la base pour maintenir l’harmonie familiale 

C’est clair que si la situation ne change pas, «ça va péter» un moment donné. Et pour éviter que ça arrive, il y a une solution bien simple : parler.

Stéphanie et Charles devraient avoir une bonne discussion pour définir, avec les enfants, un cadre de référence, des règles à respecter. Par exemple:

– Est-ce qu’on raconte sa journée en détail ou dans les grandes lignes ?

– Est-ce qu’on parle seulement du positif, seulement le négatif ou un peu des deux ?

– Est-ce qu’on raconte des faits ou on décrit comment s’est senti au moment des faits ?

– Combien de temps on alloue au sujet «travail» pendant un repas?

– Est-ce que ce serait mieux de se raconter sa journée avant de se coucher, alors que les enfants sont au lit ?

J’ai une suggestion pour vous afin d’éviter que les repas se transforment en séance de «chialage» où l’on déverse son trop-plein de frustrations, comme le fait Charles. C’est aussi une façon d’impliquer encore plus les enfants dans la discussion. À tour de rôle, chacun présente :

– Un beau moment de sa journée;

– Un défi auquel il a fait face;

– Une chose qui lui a tombé sur les nerfs ;

– Une gratitude.

Essayez-le et donnez-moi des nouvelles en m’écrivant au sylviehuard@harmonieintervention.com . 

Un exemple à donner aux enfants

Quelle image croyez-vous que les enfants de Charles ont de l’entreprise et du rôle de chef d’entreprise? Assurément négatif.

Selon Wendy Sage-Hayward, consultante de renom pour les familles en affaires et co-autrice du livre « Own it!: How to Develop a Family Enterprise Owner’s Mindset at Every Age » , c’est de la responsabilité du parent de favoriser les interactions positifs avec les enfants, particulièrement quand ils ont moins de 12 ans, afin qu’ils développent une attitude favorable envers l’entreprise.

L’experte a même conçu un tableau qui présente tout ce qu’on devrait faire pour devenir un bon propriétaire d’entreprise… de 0 à 100 ans.

Qu’est-ce qu’on fait quand on est une famille en affaires ?

Eh bien, le défi est encore plus important ! Un danger guette les familles en affaires : celui de ne plus savoir de quoi parler en dehors de la « business ».

J’ai déjà fait des affaires avec mes cinq frères et mon père : sept passionnés qui avaient à cœur la croissance de l’entreprise. Je ne me rendais pas compte que l’entreprise prenait toute la place… jusqu’à ce que je la quitte pour voler de mes propres ailes. Quel trou énorme dans ma vie ! Nous avons dû (ré)apprendre à nous connaître. Et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, quand on se rencontre pour un souper, un jeu ou un feu de camp, on a du plaisir. Et comme toutes les familles, on se raconte des anecdotes du temps passé… ce qui plaît à tout le monde, des jeunes enfants à la sage génération, en passant par les ados.

En terminant, je vous invite à faire preuve de courage et à avoir cette discussion nécessaire avec votre conjoint ou conjointe ainsi qu’avec vos enfants. C’est en parlant à cœur ouvert et en étant à l’écoute des besoins de chacun que vous pourrez définir les règles à respecter lorsque vous discutez de travail à la maison. Un pas de plus vers l’harmonie familiale !

 

Sylvie Huard

Sylvie Huard

Moi-même entrepreneure, repreneure et cédante à plusieurs reprises, le terrain en matière de transfert d’entreprise, je m’y connais!  Eh oui, j’ai réalisé 10 transactions d’actions, dont 3 en entreprises familiales.  J’ai aussi eu le grand privilège d’occuper le poste de PDG au sein d’une entreprise qui a vu ses ventes passer de 13 à 100 millions de dollars en 11 ans.

Malgré un parcours enrichissant dans le monde des affaires, un MBA et un baccalauréat en psychologie, je suis en perpétuelle formation, cherchant sans cesse à raffiner mon art.

Accompagner une famille en affaires, c’est plonger au cœur non seulement de son entreprise, mais aussi de son intimité.  Et c’est pour créer ce sentiment de confiance essentiel pour se dévoiler et se dire les vraies affaires, même quand c’est difficile, que je mets tout en œuvre pour créer des espaces intergénérationnels sécurisants.

Chacun a sa propre façon de redonner au suivant.  Pour ma part, je me dédie au bien-être des individus et des familles par la recherche et l’écriture.  Dans  Entreprise familiale : jaser d’affaires en famille sans cocotte de vaisselle , j’ai voulu outiller les familles à préserver l’harmonie familiale et la pérennité de leur entreprise.